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A Bordeaux, un atelier pour sensibiliser aux risques des soirées étudiantes sans avoir l’air rabat-joie

Léa Combe, 23 ans, s’est installée derrière le bar. Elle est en master 2 à l’université de Bordeaux, mais aussi présidente de l’association des étudiants en productique. D’où sa casquette éphémère de barmaid. Mayana Seguettes, 20 ans, en troisième année de licence de droit, lui commande un verre de rouge. A ses côtés, Sarah Dubois-Moueddene, 21 ans, voudrait un Captain Morgan, un rhum des Caraïbes, mais il n’y a aucun « soft » pour diluer…
A vrai dire, il n’est que 14 h 15 et le point de ralliement n’a rien d’un lieu festif : le groupe d’étudiants se trouve dans une salle quasi vide de la piscine universitaire de Talence. Les boissons servies par Léa ne contiennent pas une goutte d’alcool : juste de l’eau plate à transvaser dans des verres gradués pour s’entraîner à respecter la « dose bar » : soit l’unité d’alcool qui sera ensuite présente dans le sang.
« Quoi que vous commandiez, normalement vous aurez toujours la même quantité d’alcool », leur explique Cécile Langlois, infirmière à l’Espace santé étudiants de Bordeaux. « Et connaissez-vous la quantité d’alcool pure dans un verre standard ?, interroge sa collègue Sophie Martin. C’est dix grammes par unité ! »
Dynamiques et enjouées, les deux soignantes animent en cet après-midi d’octobre une formation à la réduction des risques en soirée, « pour pratiquer le safe-musement en toute maîtrise ». Très loin d’une injonction à la non-consommation. L’atelier, d’une durée de deux heures, est destiné à tous les représentants d’associations étudiantes qui sont amenés à organiser des week-ends d’intégration, galas et autres bals de promo.
Ces connaissances sont essentielles quand on sait que plus de la moitié des violences sexuelles et sexistes en milieu étudiant impliquent une consommation d’alcool, d’après une étude de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives, publiée début octobre. Les auteurs de l’étude recommandent d’ailleurs que « l’enseignement supérieur se dote d’une politique de prévention globale ».
Créé dans les années 2000, l’Espace santé étudiants de Bordeaux effectue ce travail au sein d’une population de 70 000 étudiants. Arrivée en 2008, Lucie Guignot, coordinatrice promotion de la santé et communication, a eu le temps d’observer les mentalités des jeunes évoluer : « A une époque, les présidents d’association avaient l’impression qu’ils organisaient leur soirée d’anniversaire avec des potes. Ils ne se rendaient pas compte de leurs responsabilités ! »
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